Le terrain d’étude est centré sur le quartier de la Beaujoire situé au nord-est de la métropole nantaise. Il est limité au sud par le boulevard périphérique et à l’ouest par l’Erdre, affluent de la Loire et élément constitutif des Trames Verte et Bleue. Le quartier est marqué par la présence de vastes bâtiments que sont le stade et le parc des Expositions de la Beaujoire. À proximité, l’habitat est majoritairement pavillonnaire dans lequel s’insèrent des espaces verts de taille réduite et utilisés comme espaces récréatifs par les habitants. Au nord du quartier s’étend, sur une superficie de 14 hectares, le parc floral de la Roseraie, véritable poumon vert de cette zone.
Le choix a été fait d’identifier les éléments qui peuvent constituer des fragmentations des espaces naturels situés dans ce quartier. Le bruit et la pollution lumineuse ont été particulièrement analysés, « les éclairages nocturnes pouvant constituer des zones infranchissables pour certains animaux » (Sordello, 2017), certains étant attirés par la lumière (« fragmentation par absorption », Sordello, 2017) comme les papillons tandis que d’autres fuiront la lumière comme les chauves-souris (« fragmentation par répulsion », Sordello, 2017). La mise en place d’une trame noire permettrait de limiter la dégradation et la fragmentation des habitats dus à l’éclairage artificiel. Des relevés ont donc été réalisés à plusieurs reprises au cours de la semaine de terrain et à différents moments de la journée (photo 1). Il a ainsi été constaté que de nombreuses sources lumineuses contribuent à fragmenter l’espace (hachures jaunes sur la figure 1). Elles sont présentes à proximité de certains espaces verts comme le parc de la Roseraie. Le stade de la Beaujoire avec son vaste parking constitue un élément majeur de pollution lumineuse au quotidien. Pour pallier à ce problème, plusieurs solutions pourraient être envisagées comme la réduction de l’intensité des lumières, une orientation différente des éclairages, la fixation d’une heure d’extinction des lampadaires plus précoce en soirée ou le choix d’une lumière orangée plutôt que blanche.
Photo 1 - Lampadaires et voitures : perturbateurs de la trame noire
La route de Saint-Joseph dispose de nombreux lampadaires (arrière-plan). L’éclairage public, ainsi que les phares des voitures aux heures de pointe, marquent un frein aux déplacements des espèces nocturnes et entraînent une fragmentation de leur habitat.
Crédits photo : M. BROCH, T. COUANON, L. DECOCK, C. MONTY, M. M. SANE
Pour identifier les sources de pollution sonore, six points ont été choisis en fonction de leur situation, soit à proximité d’un espace naturel soit à l’opposé au cœur d’une zone supposée stratégique au regard d’activités pouvant induire un niveau de décibels allant au-delà de 60, qui constitue une fragmentation dans la continuité de la trame (Sordello, 2017). Ainsi, les décibels les plus faibles sont logiquement localisés dans le parc de la Roseraie et dans un espace vert situé en zone pavillonnaire. À l’autre extrémité, on trouve le relevé le plus fort à proximité du boulevard périphérique. Enfin, la continuité écologique aérienne est également interrompue par la présence de pylônes et de câbles électriques (photo 2). Ils gênent les déplacements des oiseaux en particulier sur l’Erdre et aux abords du parc de la Roseraie, limitant les passages d’un réservoir de biodiversité à l’autre, l’un des enjeux majeurs de la mise en place d’un corridor écologique.
Photo 2 - Un pylône électrique près du parc de la Roseraie
Le parc de la Roseraie, élément de la trame verte, constitue le principal réservoir de biodiversité de la zone d'étude. La trame aérienne est affectée par la présence du pylône électrique. Ses multiples câbles constituent un frein aux déplacements des espèces migratrices.
Crédits photo : M. BROCH, T. COUANON, L. DECOCK, C. MONTY, M. M. SANE